Déjà quatre fois vainqueur de la Pierra Menta, Kilian Jornet est de retour à Arêches-Beaufort pour participer à cette course qu’il apprécie tant pour son ambiance, son parcours et ses valeurs. Il en profite pour passer quelques semaines dans le Beaufortain, « un coin juste parfait pour le ski de randonnée » !

Kilian Jornet en 2018, avec l’autrichien Jakob Herrmann

Interview réalisée à Arêches-Beaufort, le jeudi 3 mars 2022

On sait que la Pierra Menta est l’une de tes courses fétiches à laquelle tu aimes participer, pourquoi ? Qu’est-ce qui fait la saveur particulière de cette course ?

C’est une course qui fait partie de l’histoire du ski alpinisme. En quatre jours, on découvre la région, on voyage sur tout le massif du Beaufortain, on monte des arêtes, on fait de belles descentes avec de beaux paysages : c’est du vrai ski-alpinisme ! Il y a aussi un formidable esprit de partage, avec le coéquipier d’abord, mais aussi avec le public, avec tous ces spectateurs, c’est incroyable !

Au-delà la course de la Pierra Menta, tu connais bien ce massif du Beaufortain pour y être souvent venu, tu es arrivé depuis plus d’une semaine, que penses-tu de cet environnement ?

Pour la pratique du ski de randonnée en hiver, le Beaufortain c’est juste parfait !

Les sommets sont accessibles en ski, avec plein de possibilités, du plus tranquille au plus technique. Tu peux aussi lier tous les différents sommets, il n’y a pas de barrière infranchissable, donc tu peux voyager dans tout le massif d’une façon très naturelle. Et les conditions sont souvent bonnes. Sa situation géographique fait qu’on a souvent de la neige. Cette année, il n’y a pas beaucoup de neige ailleurs et ici c’est plutôt bon. C’est l’un des meilleurs endroits des Alpes pour le ski de randonnée, ça c’est sûr. L’autre particularité, c’est cette ambiance village, encore préservée sans grosses stations où il n’y a pas d’âme comme on peut le voir ailleurs. Ici il y a de la vie pendant toute l’année !

Est-ce qu’il y a une montagne, un itinéraire que tu apprécies particulièrement, un coup de cœur ?

C’est difficile à dire, il y a plein d’endroits différents ! Des endroits magiques comme l’arête du Grand Mont mais des coins plus sauvages autour de la Pierra Menta. S’il fait mauvais, on peut faire du ski de forêt vers Côte 2000, si les conditions sont bonnes, tu peux commencer du Grand Mont et aller jusqu’au Mirantin (avec plein d’échappatoires si tu es fatigué…).

Est-ce que tu viens parfois l’été également ? L’UTMB passe pas très très loin, mais pas tout à fait ?

Je suis moins venu l’été. J’ai fait quelques fois le kilomètre vertical du Mirantin (une course qui a lieu début septembre). Sinon j’ai fait pas mal de vélo route, c’est magique ici pour cette pratique. Le col du pré pour travailler la puissance ! Le Cormet de Roselend mais aussi un peu plus loin, vers Les Saisies ou Megève. Pour le trail, on retrouve tous les avantages du massif pour le ski, on peut aller sur tous les sommets, parcourir les crêtes et c’est génial pour explorer !

Tu as souvent affronté des coureurs locaux, comme Florent Perrier, Greg Gachet, William Bon Mardion, Xavier Gachet… est-ce qu’il y a des caractéristiques communes, un portrait-robot de ces skieurs du Beaufortain ?

C’est une vraie terre de champions. Avec la tradition de la Pierra Menta, il y a ici une vraie école de champions, avec une fierté locale. Ce sont tous de supers bons descendeurs, des gars aguerris et qui ne lâchent rien dans les courses ! D’ailleurs, la première fois qu’on a gagné la Pierra Menta avec Florent Troillet en 2008, on a fait une « cinquième étape » à la Coopérative de Beaufort. L’objectif : une rangée de meules de Beaufort à retourner face à William Bon Mardion et Florent Perrier. Et là, ils nous explosé ! Moi j’étais toujours à la première alors que Florent et William avaient déjà fini leur rangée !

Comment vois-tu l’engouement autour du ski-rando ? De plus en plus de pratiquants, au-delà de l’effet Covid, comment vois-tu l’avenir ?

Tout d’abord c’est bien d’avoir une diversification des pratiques liées au tourisme l’hiver, pas seulement le ski alpin car on connait les limites de la mono-pratique que ce soit en terme environnemental ou pour l’économie à long terme. Ça permet aussi d’allonger la saison, de favoriser un contact avec la nature du fait d’une pratique plus lente. Les Traces développées ici, qui sont sécurisées et balisées, sont vraiment importantes, pour permettre à tout un chacun de découvrir la pratique. Il y a également le rôle des guides… De manière générale, il y a plein de façon de faire du ski de randonnée. On peut aller vite en montée, faire plutôt du freeride à la descente ou faire juste une petite balade. Cette diversification permet à tout le monde de prendre du plaisir à travers cette pratique.

Et pour toi la suite ? Quels sont les prochains projets ?

Continuer à profiter de la montagne !


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